Il y a ceux qui rêvent leur vie
et ceux qui vivent leurs rêves

dimanche 7 novembre 2010

San Marcos Sierra


Beaucoup de hippies sont venus à cet endroit dans les années 70 et certains d'entre eux y vivent encore. On y trouve même un musée consacré au Hippies, qui est unique dans le monde et aide à comprendre l'histoire du peuple .
Hébergement végétarien". Les lettres, peintes sur le mur, resplendissent au soleil sur la place du village de San Marcos Sierras, dans la province de Cordoba, en Argentine. Végétarien ? Etrange, dans un pays où ceux qui ne mangent pas de viande ont plutôt mauvaise presse et où l'asado (le barbecue) demeure le symbole des réjouissances familiales et amicales.

A San Marcos, certes, on dévore aussi à pleines dents la carne, la viande de boeuf, dès que l'occasion se présente. Mais, ici, personne ne demandera au végétarien de justifier ses pratiques alimentaires. Car San Marcos Sierras fut un village hippie, le premier d'Amérique latine, dit-on, cultivant toujours ses valeurs alternatives.
La petite localité, construite autour de quelques rues en terre battue qui se croisent à angle droit, est située au coeur des montagnes de Cordoba, un massif culminant à 2 000 mètres d'altitude. Tout au long de l'été austral, de novembre à mars, lorsque les températures sont insupportables en ville, la région, irriguée par de petites rivières, constitue une destination privilégiée du tourisme argentin.
La renommée du massif date des débuts du péronisme, lorsque les syndicats firent construire des centres de vacances destinés à leurs adhérents. Rares étaient alors les visiteurs qui poussaient jusqu'à San Marcos, réputé pour accueillir une colonie naturiste depuis les années 1930.
Quelques adeptes de Krishna débarquèrent dans le village à la fin des années 1960. "Ils méditaient à l'ombre des noyers et se nourrissaient de régimes "désintoxicants" à base de raisin", relate Méry, originaire de Buenos Aires et propriétaire de l'auberge Villa Luz.
Aujourd'hui, à quelques exceptions près, "les hippies des premières années sont repartis depuis longtemps. Ils ont la soixantaine et dirigent des entreprises florissantes à Buenos Aires...", sourit Marcelo, un professeur d'histoire de la capitale qui vient se ressourcer chaque été à San Marcos.
Mais l'atmosphère est restée. Sur la place principale, dont les limites furent tracées en 1806 par un marquis espagnol, déambulent, au milieu des chiens errants, des jeunes gens torse nu, cheveux en bataille, barbe hirsute, parfois sac au dos. On les retrouve en fin d'après-midi au bord du rio, le petit filet d'eau qui traverse le village. Les heureux propriétaires d'une Peugeot 504, d'une Fiat 1 500 ou d'un autre de ces véhicules apparemment indestructibles partent quelques kilomètres plus loin sur les berges du rio Quilpo, au débit plus rapide, pour se baigner dans un paysage sauvage.
Chaque groupe apporte sa guitare, éventuellement quelques joints et une Thermos d'eau chaude pour alimenter le maté que l'on absorbe régulièrement en écoutant la rivière qui s'écoule. "C'est le paradis", commente Caroline, une Belge de passage dans le village.
"Les touristes se partagent entre amateurs de vacances paisibles, naturistes et adeptes de la méditation, raconte Mery. A San Marcos, il n'y a ni hypermarché, ni distributeur automatique, ni macadam, et cela attire les visiteurs."
"CAPITALE DU MIEL"
Au soir, la place du village s'anime. Des musiciens tapent sur des tambours. A la bibliothèque, on projette un reportage sur la Palestine, suivi d'un débat. Un marché artisanal s'installe dans un angle, proposant colliers et bracelets, tableaux aux couleurs éclatantes, herbes médicinales et miel du pays. Car la localité se veut la "capitale du miel", un succulent nectar forcément naturel, depuis que la municipalité a déclaré le lieu "zone sans OGM", en 2005. Dans toutes les échoppes, le miel, présenté comme un "remède pour de nombreuses maladies", est vendu au prix imbattable de 7 pesos (1,5 euro) les 500 grammes.
Les bijoux fantaisie sont fabriqués par les artisans du pays. Assis sur un muret, Luque, cheveux longs et bracelets en tissu aux poignets, martèle une tige en métal qui se torsade peu à peu. Après avoir forgé une vingtaine de minuscules spirales, il les assemble et place en leur centre un coquillage aux reflets moirés. Garni d'un pendentif, le bijou rejoindra l'étal où sa copine vend les productions maison aux touristes.
Lorsque la saison d'été se termine à San Marcos, le couple parcourt le continent, jusqu'en Bolivie ou au Pérou, où l'on trouve, raconte Luque, "des pierres aux formes étranges ou des morceaux d'ambre des Caraïbes" qui viendront enrichir leurs créations.
A l'automne, à partir d'avril, le village retrouve sa tranquillité, et les pluies subtropicales s'éloignent pour laisser la place à un soleil frais. "Les activités ne manquent pas pour autant, assure Mery. On pratique les cours de théâtre et de danse arabe. Les ateliers littéraires rouvrent leurs portes et le soir on admire le ciel étoilé."
Olivier Razemon

1 commentaire:

  1. C'est très sympa de pouvoir suivre les péripéties de Guillaume! Je lui souhaite bonne route et de belles rencontres.
    Bises

    Evelyne

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